Oui, oui, moi aussi j'ai cédé aux jolies sirènes de Wordpress ...
Vous pouvez retrouver le blog, qui s'est refait une beauté (je l'adore !), à cette adresse :
https://histoiresdenlire.wordpress.com/
Mettez vite vos liens à jour et à bientôt !
Christelle
mercredi 27 juin 2018
mercredi 20 juin 2018
La femme brouillon, Amandine Dhée
Petit livre percutant d'à peine 86 pages (j'en aurais lu cent de plus avec plaisir), cette "femme brouillon" nous parle de maternité.
De la grossesse, du sentiment de ne (déjà) plus s'appartenir. Des conseils contradictoires, du Larousse à la voisine. Du regard des autres, de ses angoisses de ne pas être à la hauteur, elle la femme brouillon, celle qui n'est que pagaille.
Viennent ensuite l'accouchement, les visites à la maternité, l'allaitement plus difficile que ce qu'on lui avait dit. Et le retour à la maison, les nuits pourries, le sentiment de ne plus s'appartenir, mais d'être entièrement vouée à ce petit être sans cesse en demande.
Avec franchise et humour, Amandine Dhée nous raconte sa maternité, ses difficultés à y trouver sa place, en tant que féministe, au milieu de cette société qui prône la Mère Parfaite.
Parentalité positive et bienveillante, éducation, temps à trouver pour soi, retour au travail, rôle du père, autant de thèmes qui toucheront toutes les mères, abordés avec un style vif et enlevé, bourré d'humour.
Lu d'une traite dans le train, tantôt riant tout haut, tantôt murmurant "c'est bien vrai, ça", j'ai adoré ce petit livre percutant, que j'ai depuis envie d'offrir à toutes mes amies mamans, et que j'envisage de relire, stabilo à la main, pour fluoter mille et unes phrases.
"La femme brouillon", Amandine Dhée, La Contrallée, 2017, 86 p.
vendredi 15 juin 2018
Un mariage anglais, Claire Fuller
Dès les premières lignes, j'étais ferrée.
Prise dans une grande histoire d'amour, de couple, de trahison, mais aussi de livres, de littérature, d'écriture, de création.
Ingrid est mariée au célèbre écrivain Gil Coleman, qui fut d'abord son professeur de littérature à l'université. La belle étudiante et le charismatique professeur entament une liaison, et très vite Ingrid se retrouve enceinte. Désormais mariée à Gil, avec deux enfants, Ingrid est cloîtrée à la campagne tandis que Gil joue à l'écrivain à succès, en multipliant les conquêtes. Frustrée, la jeune femme entreprend l'écriture de lettres à son mari, qu'elle dissimule dans ses livres ... Et un jour, Ingrid disparaît sans laisser de traces.
Onze ans plus tard, Gil croit apercevoir sa femme disparue, se lance à sa poursuite et se blesse. Nan et Flora, leurs deux filles, veillent alors sur lui, tandis que le lecteur découvre une à une les lettres d'Ingrid, qui entend dire "sa vérité sur leur mariage".
Quel immense coup de coeur que ce roman !
L'histoire alterne les lettres d'Ingrid, qui dévoile son mariage avec Gil depuis leur rencontre, et les chapitres dans ce présent où elle a disparu depuis des années. Je me suis plongée dans cette lecture avec délice, sans temps mort. J'ai adoré les lettres, sensibles et intelligentes, qui dévoilent les désillusions d'une grande amoureuse, sa difficulté à s'épanouir dans la maternité, ses doutes et ses frustrations. Ingrid ne s'épanouit que sous l'eau : elle va nager la nuit, sous la pluie, quand ses filles dorment, et se retrouve libérée de ses tourments. De lettre en lettre, son ressentiment envers Gil grandit : elle lui a sacrifié ses études et sa soif de liberté, quand lui la trompe sous ses yeux et la néglige.
Au présent, Nan et Flora, leurs deux filles soignent un Gil vieillissant, tout en se déchirant à propos de leur mère disparue. Où est passée Ingrid ? est-elle partie ? s'est-elle noyée ? Nul ne le sait, et son absence est un énorme bloc de silence et de non-dits entre les membres de cette famille.
Le roman est prenant, envoûtant, entêtant, et superbement écrit. Ingrid est magnifique et mystérieuse, Nan et Flora sont émouvantes, Gil est tour à tour un homme fascinant et un sale con égoïste.
J'ai lu ce livre avec délectation, dès les premières lignes j'ai su que ce serait un coup de coeur. Il aborde également les thèmes de la création, avec de beaux passages sur l'écriture et la littérature, dans la bouche d'un Gil charmeur dans son rôle de prof.
Minuscule bémol sur l’ambiguïté de la fin, qui m'a un peu frustrée ...
Un excellent roman, que j'ai terminé à grands regrets ...
"Un mariage anglais" (Swimming lessons), Claire Fuller, Stock (La Cosmopolite), 2018, 448p.
lundi 11 juin 2018
L'arrondi silencieux, Corentine Rebaudet
Quand Corentine, du blog Un fil à la Page m'a gentiment proposé de lire son premier roman, j'ai accepté avec plaisir ! Son blog est d'une grande qualité et le pitch de son roman m'a tout de suite attirée ...
Deux soeurs et un frère se retrouvent lors du décès de leur mère, Edith. Gabrielle vient d'apprendre sa grossesse, tardivement, ce qui la bouleverse. Jérôme est en révolte, noyé dans des soucis de drogue. Ophélie, brillante étudiante en médecine, est sous l'emprise de son petit ami violent.
Tous trois reçoivent une lettre d'Edith, ainsi qu'une quatrième, adressée à un certain Icare. Qui est-il ? Gabrielle décide de partir à la campagne, chez Théodore, un ami d'Edith, afin d'enquêter sur le passé de sa mère et d'identifier Icare.
Cette histoire de famille, avec son lot de secrets, de non-dits, et de relations compliquées est une excellente lecture. Je me suis surtout attachée au personnage d'Ophélie, extrêmement touchante, qui se retrouve prisonnière de la violence de son conjoint. Gabrielle m'a touchée aussi, de par sa grossesse surprise ... Le personnage de Jérôme m'a par contre laissée froide, et je l'ai trouvé presque inutile, le roman étant fort féminin, de par ses thèmes ...
"L'arrondi silencieux" ou le déni de grossesse, qui semble se répéter dans la famille ...
L'écriture de Corentine Rebaudet est extrêmement précise : chaque mot est à sa place. Dans les premières pages, je l'ai trouvée presque trop clinique, trop scolaire. Mais, au fil du récit, l'histoire a pris le dessus, et les personnages se sont révélés, m'emportant dans leurs péripéties.
Un excellent premier roman !
Félicitations à toi, Corentine, et j'espère que ce n'est que le premier d'une longue série ...
Encore merci pour ta confiance.
"L'arrondi silencieux", Corentine Rebaudet, Balland, 2018, 338 p.
lundi 4 juin 2018
Idaho, Emily Ruskovich
Quel coup de poing au ventre que ce livre.
Un premier roman encensé un peu partout, et c'est ô combien mérité ...
Le pitch :
Idaho : Ann, mariée avec Wade, reste obsédée par l'histoire familiale de son mari. Quelques années auparavant, l'ex-femme de Wade, Jenny, a tué May, leur plus jeune fille, tandis que l'aînée - June- s'est enfuie et a disparu. Wade, atteint de démence précoce, laisse s'effacer peu à peu ses souvenirs de cette journée atroce du mois d'août, où ce meurtre incompréhensible a été commis. Mais Ann cherche à comprendre comment une mère peut protéger sa fille des piqûres de moustiques un moment, et la tuer la minute d'après.
"Idaho", malgré son sujet qui avait tout pour m'effrayer, m'a conquise dès ses premières pages, et m'a captivée jusqu'au bout. Il est difficile de vous parler de cette lecture car, au-delà de son sujet, c'est son écriture qui en fait un chef-d'oeuvre. Oui, un chef-d'oeuvre, et c'est pourtant un premier roman !
Le style d'Emily Ruskovitch est superbe : elle parvient à nous conter l'indicible sans détails, à naviguer entre les époques sans nous perdre. Tantôt en 1995 lors de ce jour étouffant où le meurtre a été commis, tantôt en prison avec Jenny en 2004, avec Ann et Wade au présent, et jusqu'en 2025 ...
L'histoire est troublante et obsédante : j'y ai pensé de longues heures après avoir achevé ma lecture. Car il ne faudra pas espérer avoir toutes les réponses à la fin de l'histoire ... l'auteur parsème des indices de vérité, mais rien ne sera expliqué clairement ... on ne peut, à la fin, que supposer .. c'est évidement un peu frustrant, mais ajoute finalement du charme à la magie de ce roman.
Pas de détails sordides ou de description glauque du meurtre : celui-ci est décrit comme à travers un brouillard :
Jenny, mère infanticide, n'est pourtant pas un monstre. Condamnée à la perpétuité, elle sera exemplaire en prison, sans toutefois expliquer son geste fou.
Wade, père dévasté, se laisse peu à peu sombrer dans le néant, où il oublie le drame de sa vie.
Ann, professeur de piano, tente de trouver sa place auprès de cet homme et ne peut s'empêcher d'être fascinée par cette histoire, au point de côtoyer la folie à force de chercher des traces de sa propre responsabilité dans ce qui est arrivé.
"Idaho" est un grand roman, qui vous marque, vous trouble, vous empêche de dormir. Des passages magnifiques que l'on relit plusieurs fois. Des personnages envoûtants et mystérieux. Une véritable atmosphère, qui vous oppresse. Et, par-dessus tout, une écriture sublime, qui annonce un grand auteur américain.
Une magnifique découverte et un énorme coup de coeur !
"Idaho", Emily Ruskovich, Gallmeister, 2018, 359 p.
mercredi 30 mai 2018
Papillon de jour
"Les papillons savent depuis très longtemps que le temps est toujours un présent"
Le jour se lève et un papillon sort de son cocon ... émerveillé, il vole et rencontre la fleur, l'oiseau, l'enfant. Tous lui parlent du temps : "je ne te connais pas", "tu es là depuis quand ?", "moi ça fait des années ...".
Le papillon ne comprend pas ce qu'est hier, demain, il y a six mois. Et d'ailleurs, il n'a pas le temps de s'interroger. Il a tant de choses à voir et à vivre, à découvrir et à regarder ...
Voilà un album magnifique, reçu grâce à Babelio, et qui nous a enchantés !
Les illustrations sont superbes, des couleurs douces, auréolées d'une lumière sublime ... Le texte, répétitif selon les rencontres que fait le papillon (ce qu'adorent les enfants, un peu moins le parent-lecteur mais je râle pour râler), le texte donc, est simple et va droit au but : le papillon n'a que faire du passé ou du futur, il "veut seulement vivre aujourd'hui comme le plus beau jour de sa vie".
Un très beau message de carpe diem, qui émerveillera les petits comme les grands, un album-trésor, à regarder avec mille étoiles dans les yeux, à chuchoter à l'oreille de son petit pour qu'il vive heureux dans l'instant présent ...
Merci à Babelio et Alice Jeunesse !
"Papillon de jour", Christian Merveille et Ian de Haes, Alice jeunesse, 2018
vendredi 25 mai 2018
Les filles des autres : un roman à suspense, Amy Gentry
Voilà un roman qui m'a tout de suite attirée par sa couverture originale et qui s'est révélé une excellente lecture, un fantastique suspense, qui m'a tenue en haleine pendant deux jours entiers !
Julie, 13 ans, est kidnappée une nuit dans sa chambre, sous les yeux de sa petite soeur. La famille est dévastée et tente de se reconstruire. Huit ans plus tard, on sonne à la porte : c'est Julie. Passé la joie des retrouvailles, la vie de la famille reprend peu à peu. Seule Ana, la mère, a des doutes sur l'identité de cette jeune femme qui prétend être sa fille. Contactée par un détective privé qui partage ses interrogations, Ana se lance dans une quête de la vérité sur "Julie" et ce qui lui est arrivé ...
J'ai littéralement dévoré ce livre, qui m'a complètement happée de bout en bout. Racontant d'abord le kidnapping de Julie par le biais de sa petite soeur terrifiée, le roman reprend ensuite avec la réapparition de la jeune fille 8 ans plus tard, du point de vue de la mère. En parallèle, plusieurs chapitres intitulés avec des prénoms de jeune fille nous dévoile ce qu'il s'est passé à la manière d'un compte à rebours à l'envers, une originalité du livre qui m'a beaucoup plu.
Ce suspense psychologique m'a rendue complètement accro : Julie est-elle vraiment Julie ? Que s'est-il réellement passé ? Pour ne rien gâcher, il est bien écrit, ce qui n'est pas toujours le cas des suspenses à la mode ...
Un seul détail m'a dérangée : dès le retour de "Julie" j'ai voulu crier "punaise, faites un test ADN et basta !". Bizarrement, ça n'effleure personne. Petite incohérence qui n'a pas suffi à me gâcher mon plaisir à la lecture de cet excellent roman, original, bien ficelé, bien construit, bien écrit, bref, à recommander chaudement pour des soirées le nez plongé dans une intrigue palpitante !
Les filles des autres : un roman à suspense, (Good as gone) Amy Gentry, Robert Laffont, 2017
lundi 14 mai 2018
Miss Cyclone, Laurence Peyrin
La quatrième :
À Coney Island, les manèges sont à l'arrêt. Face à la mer grise, Angela et June partagent une cigarette. C'est l'hiver de leurs 16 ans. L'hiver où John Lennon va mourir. L'hiver où les deux jeunes New-Yorkaises, si différentes mais complices depuis l'enfance, entrent dans l'âge adulte. Un secret, cette nuit-là, décidera de tout : les amours, les mariages, les rêves et les échecs. Tandis que la ville change, souffre ou s'amuse, les deux copines vivent côte à côte cet étrange grand huit : le cyclone de la vie.
Ce roman me tentait beaucoup, et j'ai craqué dessus à l'occasion de sa sortie en poche (Pocket). Dévoré en quelques jours, j'ai beaucoup aimé cette histoire d'amitié féminine !
June et Angela, meilleures amies depuis leurs 16 ans, malgré un caractère et des visions de la vie totalement opposés, partagent tout : depuis les cigarettes fumées en douce sur la plage jusqu'à l'amour d'un homme ...
Le destin d'Angela semble tout tracé, amoureuse depuis toujours de Nick, elle ne se pose guère de questions sur son futur : elle épousera Nick et ils reprendront les montagnes russes du père de Nick. Angela n'a pas d'autre ambition, et les maternités se succèdent, tandis qu'elle s'efface peur à peu.
Pour June, pas question d'enfants. Sa brillante carrière lui laisse à peine le temps de vivre avec Adam une relation tumultueuse. Adam, qui trouble Angela depuis le début, depuis cette nuit de leurs 16 ans, où John Lennon est mort assassiné ...
Laurence Peyrin réussit avec ce roman à nous emporter aux côtés d'Angela et de June à travers plusieurs moments-clés de l'Histoire des USA : la mort de John Lennon, l'affaire Lewinsky, le 11-Septembre, tout sera vécu par nos deux héroïnes, de manière différente.
J'ai adoré ces deux personnages de femmes, et j'ai eu du mal à les quitter une fois le livre refermé. L'histoire, sans temps mort, m'a complètement emportée, et ce fut une lecture très très agréable. A conseiller !
"Miss Cyclone", Laurence Peyrin, Pocket, 2018, 345 p.
lundi 7 mai 2018
Arrive un vagabond, Robert Goolrick
"Quand Charlie Beale arriva à Brownsburg, il tomba deux fois amoureux ..."
Quel beau roman ! Attirée par la poésie du titre et la beauté de l'édition collector, j'ai emporté ce livre sans trop me poser de questions ... Et je l'ai savouré ...
Charlie Beale arrive dans une petite ville de Virginie et se fait embaucher comme boucher. Peu à peu, il s'installe, se fait quelques amis, dont le petit Sam, 5 ans, le fils de Will, qui lui a offert un toit. Venu de nulle part, on ne sait pas grand-chose de Charlie, ce vagabond ... Un jour entre dans la boucherie, une jeune femme belle comme une de ces stars de cinéma à qui elle veut à tout prix ressembler. C'est le coup de foudre entre Sylvan et Charlie, mais elle est mariée à l'homme le plus riche de la ville, et une liaison interdite débute, sous le regard innocent du petit Sam ... jusqu'au drame ...
Voilà un tout grand roman, avec un souffle romanesque comme on en lit trop peu. Les personnages sont grandioses, l'histoire est dramatique et sublime, et on sent la tension monter tout au long de l'histoire, jusqu'à la fin déchirante. Premier livre de Robert Goolrick que je lis, ce ne sera pas mon dernier ... Ce roman est magnifique et je verrais bien une adaptation au cinéma !
L'édition collector que j'ai trouvé comporte une préface inédite de l'auteur qui explique la genèse du roman, et que c'est une histoire vraie .... que lui a raconté celui qui lui inspirera le personnage (magnifique) du petit Sam. Si vous pouvez mettre la main sur cette édition, cette préface apporte vraiment un éclairage très intéressant sur cette grande histoire d'amour. C'est vraiment une belle histoire romantique, sans aucune mièvrerie, et le couple de Charlie et Sylvan me hantera longtemps.
Ce roman a reçu le Grand Prix des Lectrices de ELLE en 2013.
"Arrive un vagabond", Robert Goolrick, Pocket, 2014, 349 p.
jeudi 26 avril 2018
L'endroit le plus dangereux du monde - Lindsey Lee Johnson
Voici une lecture-surprise, piochée au hasard, et qui m'a littéralement scotchée.
Un roman choral passionnant, où l'on suit huit adolescents américains et leur prof d'anglais, de la quatrième à la terminale. Tout commence avec la lettre d'amour que Tristan, l'élève un peu à part, envoie à Cally, qui fera le tour de la classe, puis de Facebook, et qui entraînera le harcèlement et finalement le suicide de Tristan. Cally ne sera plus jamais la même. Elle lâche ses deux meilleures amies et change totalement de personnalité. Cette tragédie hantera tous les autres, d'une manière ou d'une autre : Emma la danseuse, Ryan le beau gosse, Damon le petit délinquant, Dave le bon élève sous pression, Abigail qui aura une liaison avec son professeur ... Au milieu, Molly, jeune prof à peine plus âgée, dont c'est la première année d'enseignement. Voulant bien faire, elle s'investit trop, et peine à trouver la juste distance avec ces jeunes, entre deux pages de "Gatsby le magnifique".
Chaque ado a son chapitre et sa propre histoire, souvent difficile, son rapport conflictuel aux parents, son addiction : réseaux sociaux, drogue, alcool, sexe, tout y passe.
J'ai été complètement prise dans cette histoire, j'ai eu un mal fou à lâcher le livre, que j'ai trouvé très bien écrit, bien construit, et fascinant de bout en bout. C'est un roman terrifiant par son constat de la jeunesse américaine d'aujourd'hui, désabusée, cruelle et hyper-connectée, mais aussi souvent livrée à elle-même car si les comportements des jeunes sont loin d'être exemplaires, le livre nous montre aussi des parents dépassés, absents, accros à leurs boulots, ou au contraire, intrusifs, qui mettent la pression du "toujours plus" à leur enfant. Le point de vue du professeur, au milieu de ce chaos, est très intéressant.
Le roman est de ceux qu'on ne lâche plus, et les différents points de vue des ados, souvent sur les mêmes événements, forme une histoire très construite, très complète, et palpitante, comme dans le cas du harcèlement où l'on a à la fois la voix du harcelé, du harceleur mais aussi du témoin impuissant.
Ce fut une excellente surprise que ce roman, un merveilleux moment de lecture, qui paraîtra au Livre de Poche le 13 juin prochain !
"L'endroit le plus dangereux du monde", Lindsey Lee Johnson, JC Lattès, 376 p., 2017
lundi 16 avril 2018
La petite fille sur la banquise, Adélaïde Bon
Pas facile de parler de cette lecture coup de poing, de ce livre-choc, de ce témoignage poignant ...
Comme beaucoup, j'ai été touchée par le passage d'Adélaïde Bon à l'émission "La grande librairie" (la vidéo est en fin d'article), où elle parlait, avec courage et dignité, de ce viol qu'elle a subit enfant, et de ses "méduses" qui lui ont gâché la vie depuis, de sa reconstruction.
J'ai hésité à lire son livre, à cause de mon hypersensibilité, de mon besoin de me protéger de toutes les horreurs dont les infos quotidiennes nous inondent, mais elle m'avait tant touchée, et son livre avait l'air d'avoir, en plus, de telles qualités littéraires, que j'ai fini par l'acheter.
Je me suis plongée dedans une après-midi, et je l'ai lu d'une traite. Impossible de le reposer pour passer à autre chose ...
Ce n'est donc pas un roman : Adélaïde Bon raconte, d'abord en se distanciant avec le "elle", puis par le "je", ce qui lui est arrivé, à 9 ans. Rentrée de l'école, elle est violée dans l'escalier par un inconnu. Pendant des années, elle aura minimisé ce traumatisme en "simple" attouchement, jusqu'au jour où elle apprendra qu'il s'agit, légalement, d'un véritable viol.
La petite Adélaïde cache, derrière une joie de vivre apparente, sa souffrance : elle grossit, elle se fait vomir, elle se frappe, elle s'isole. En grandissant, elle ne ressent aucun désir ni plaisir avec ses amoureux. Elle s'anesthésie par la drogue, l'alcool, la pornographie. Elle suit des thérapies, essaie tout et n'importe quoi pour tente de se sentir mieux. Pense constamment à la mort. Une vie détruite.
Jusqu'au coup de fil de la police, alors qu'elle est enceinte : ils ont retrouvé son violeur, un homme qui a abusé de nombreuses autres petites filles. C'est, pour Adélaïde, "le plus beau cadeau de sa vie", la police ne l'a donc pas oubliée. Commence alors le procès, avec, tout au bout, l'espoir de guérison.
Ce livre est juste, nécessaire, jamais glauque ni voyeuriste, et pourtant Adélaïde Bon ne nous épargne rien. Elle se livre avec sincérité, et c'est souvent dur, évidement, mais j'ai lu son livre aussi en tant que mère, pour essayer de protéger ma fille, si c'est un tant soit peu possible. Tous les parents, tous les psys, toutes les infirmières scolaires, tous les profs devraient lire ce témoignage, pour pouvoir repérer un enfant abusé, un enfant qui va mal. C'est un livre important et nécessaire.
C'est aussi, plus qu'un témoignage, un texte littéraire, très bien écrit, ce qui lui ajoute encore de la valeur. J'ai été profondément bouleversée par cette "petite fille sur la banquise", et je ne peux que vous en conseiller la lecture.
"La petite fille sur la banquise", Adélaïde Bon, Grasset, 251 p. ,2018
jeudi 29 mars 2018
Quatre murs et un toit, Camille Anseaume
Camille Anseaume fait partie des rares auteurs dont je me procure le nouveau livre presque à l'aveugle. Qu'importe le sujet, je sais que je l'aimerai.
J'ai tellement adoré "Un tout petit rien", puis "Ta façon d'être au monde" ...
Ce livre-ci est un peu différent : Camille y parle de la maison de son enfance, que ses parents veulent mettre en vente. Elle y séjourne alors une dernière fois et nous conte ses souvenirs, pièce par pièce ...
Chaque chapitre est consacré à une pièce ou un endroit particulier de la maison : le banc de l'entrée où chacun laisse traîner quelque chose qu'il cherchera partout plus tard, le cellier et sa porte qui sert à filer en douce aux soirées interdites, la salle à manger et ses souvenirs de repas en famille, ...
En parallèle, Camille écrit son ressenti, de retour dans cette maison : les odeurs qui l'assaillent, le plancher qui craque, les fantômes du passé, et cette angoisse à l'idée de la vente.
Le livre est court et se dévore très vite, comme un bonbon à la saveur de l'enfance. J'ai adoré la construction pièce par pièce, la nostalgie douce qui se dégage des souvenirs de Camille.
Les parents qui s'engueulent, les disputes dans la fratrie, les premières sorties, le béguin pour le copain de son frère, l'odeur des foulards de sa mère, on a tous cela dans nos mémoires.
L'écriture, la magie de l'écriture douce et belle de Camille Anseaume, que j'aime tant, est toujours là. Le livre est trop court, c'est mon seul reproche : arrivée (trop vite) à la dernière page, je voulais continuer à arpenter cette maison, que je connaissais dès lors un petit peu, et que Camille me chuchote encore et encore des secrets, des touts petits riens, mais qui construisent un enfant, comme autant de galets semés ici et là, et qui traceront sa route jusqu'à l'âge adulte.
Une très jolie lecture, touchante et nostalgique, que je vous recommande chaudement !
Vous pouvez aussi retrouver une mini interview de Camille Anseaume sur ses habitudes de lecture, ici !
Un tout grand merci aux éditions Calmann Lévy !
"Quatre murs et un toit", Camille Anseaume, Calmann Lévy, 2018, 162 p.
mardi 27 mars 2018
Un peu, beaucoup, à la folie - Liane Moriarty
"Trois couples épanouis. De charmants enfants. Une amitié solide. Et un barbecue entre voisins par un beau dimanche ensoleillé : tous les ingrédients sont réunis pour passer un bon moment. Alors, pourquoi, deux mois plus tard, les invités ne cessent-ils de se répéter : « si seulement nous n'y étions pas allés » ?"
Ayant adoré et dévoré les deux romans précédents de Liane Moriarty, je me suis jetée sur son dernier-né avec enthousiasme et la quasi certitude de passer un excellent moment de lecture "détente".
Et ce fut le cas, même si j'ai quelques réserves que je n'avais pas pour les premiers titres de l'auteur ...
Agacement n°1 : ok, la construction est exactement la même que pour ses autres romans. Chaque personnage a droit à son chapitre, en alternance, pour nous raconter ce fameux barbecue, au ralenti ...
Agacement n°2 : c'est leeeeeent ! Mais où veut-elle en venir ? Que s'est-il passé de si terrible ? Pourquoi ne le sait-on toujours pas à la moitié du livre ??? Accouuuuuuuuche (on se calme).
Agacement n°3 : cette manie de finir un chapitre sur la sensation qu'on va enfin savoir .... mais non, il faudra (peut-être) attendre le prochain.
J'ai l'air de beaucoup râler, mais une fois arrivée donc à la moitié de l'intrigue, l'histoire a pu avancer un peu, et s'est révélée passionnante. Les personnages, bien qu'assez caricaturaux, gagnent en épaisseur selon leurs réactions face au fameux incident, et le lecteur peut un peu plus s'y attacher.
J'ai fini par dévorer le livre, enfin soulagée de mes agacements, avec le plaisir den bon roman pour se vider la tête, mais en étant tout de même contente de ne pas avoir déboursé 22.90 € pour l'acheter (vive le métier de bibliothécaire !).
Je le conseille donc comme lecture de vacances, c'est distrayant et bien ficelé, mais à choisir, préférez nettement "Le secret du mari" ou "Petits secrets , grands mensonges", où je me suis régalée du début à la fin, sans agacement aucun (et ils sont en poche, que demande le peuple ?).
"Un peu, beaucoup, à la folie" (Truly, madly, guilty), Liane Moriarty, Albin Michel, 519 p.
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