lundi 24 août 2015

"Miniaturiste", voleur de coeur et d'heures de sommeil




Premier roman d'une jeune auteur britannique, "Miniaturiste" fait beaucoup parler de lui, un peu partout, bénéficie d'un bouche à oreille efficace et ... déjà d'une adaptation au cinéma prévue.

J'ai plongé dedans avec délices et n'en suis ressortie (pratiquement) qu'une fois les 500 pages dévorées, maudissant ceux et celles (ma famille quoi) qui m'arrachaient à ma lecture ou l'heure qui tournait (et mon lit, qui m'appelait).


Amsterdam, 1686. La jeune Nella Oortman quitte sa campagne pour épouser un riche marchand inconnu de 20 ans son aîné, Johannes Brandt. Arrivée dans sa nouvelle demeure, Nella se heurte à l'indifférence de son mari, sans cesse absent, et à la froideur de la soeur de ce dernier, Marin, vieille fille austère qui tient la maison d'une main de fer. Nella, isolée, s'ennuie et son mari lui offre une curieuse maison de poupée, un "cabinet" qui représente leur propre maison, dont il espère qu'elle servira de distraction à sa jeune épouse.

Nella fait appel à un mystérieux miniaturiste pour meubler sa maison d'objets et bientôt de poupées à l'effigie des habitants de sa demeure. Mais l'orfèvre, qui dépose ses paquets devant sa porte sans se montrer, inquiète bientôt la jeune femme : les miniatures, troublantes, révèlent les secrets de la maison, sont de curieux présages aux drames qui se jouent, jusqu'à donner à Nella le sentiment étouffant que le miniaturiste l'épie, et, par ses créations, dirige sa vie. Au fur et à mesure que la maison de poupée se remplit, des drames surviennent, et de dangereux secrets sont dévoilés.



A la limite du conte fantastique, ce roman historique se révèle un petit chef d'oeuvre, tant au niveau de l'intrigue, passionnante, que des personnages et de l’écriture, remarquables.

Jessie Burton, dont c'est ici la première oeuvre, s'est inspirée d'une maison de poupées du 17° siècle, vue au Rijksmuseum d'Amsterdam, appartenant à la véritable Petronella Oortman, dont on ne sait rien. Fascinée par cette maison miniature, qui a coûté à sa propriétaire plus cher qu'une véritable maison, l'auteur réussit un fabuleux roman, passionnant, mais surtout un très beau personnage de femme. Nella, féministe avant l'heure, indépendante, mais qui pourtant ne demande qu'à aimer ce mari qu'on lui impose, est un grand personnage. Amsterdam en est un autre, avec son atmosphère empreinte à la fois de grandes fêtes, d'opulence et de richesse (c'était la cité la plus puissante du 17° siècle en Europe, grâce au commerce), et néanmoins pétrie de religion, de peurs, de rigueur morale.

Le personnage de Marin, la belle-soeur austère et froide, est également magnifique. Au fur et à mesure de l'histoire, elle se dévoile et nous émeut.

La véritable maison de poupées de Petronella Oortman

Au final, trois ou quatre soirs de lecture, parfois jusqu'à fort tard, le nez dans le livre, l'envie qu'il ne finisse jamais, et celle de le reprendre au début quand je l'ai reposé à regret....

Un grand roman, qui sera bientôt adapté au cinéma,  à conseiller à tous ceux qui aiment les intrigues, les rebondissements, les grands personnages, les mystères et les brumes d'Amsterdam.

La toute belle littérature ... et la jolie tristesse de terminer un très bon livre ... On se sent presque orphelin ...




"Miniaturiste", Jessie Burton, Gallimard, 2015


2 commentaires:

  1. J'ai repéré ce livre il y a longtemps, et ton billet super enthousiaste me donne vraiment envie de le lire!

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    1. Tu peux foncer tête baissée, tu vas adorer, tu vas le savourer, tu vas tout laisser tomber pour te jeter dessus à la moindre minute (oui, oui, je suis enthousiaste !)

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