lundi 29 janvier 2018

La fille secrète, Shilpi Somaya Gowda




Inde, 1984. Kavita accouche seule de sa deuxième petite fille. La première a été tuée à la naissance par son mari, furieux de ne pas avoir le fils espéré. Cette fois, Kavita marche une journée entière jusqu'à l'orphelinat de Bombay, afin de sauver sa fille "secrète", Usha.

Etats-Unis, 1984. Somer, brillant médecin, mariée à Krishnan, se désespère de ses fausses couches à répétition. Son mari, indien, lui propose d'adopter un enfant de son pays : ce sera la petite Usha, rebaptisée Asha.

Tout au long du roman, nous suivons tour à tour Kavita, Somer, leurs maris, mais aussi Asha, qui, à l'âge adulte, brûle de partir en Inde sur la trace de ses origines.

J'ai adoré ce roman, déniché par hasard. Les chapitres sont assez courts et l'histoire fascinante. J'ai eu énormément d'empathie pour Kavita, au début du livre, ainsi que pour Somer qui ne parvient pas à tomber enceinte.

La description de l'Inde est à la fois fabuleuse et déprimante, à l'image des contrastes de ce pays : l'auteur ne nous épargne pas la misère des bidonvilles, les maladies, la pauvreté, les enfants qui mendient, les femmes brûlées vives, l'insécurité. Mais elle nous dépeint également la famille, immense, et la cuisine épicée, les paysages, les temples, tout ce qui fait la beauté indienne.

Au début du roman, j'étais proche du coup de coeur, mais sur la fin, j'ai trouvé quelques longueurs à l'histoire et, sans vous dévoiler l'intrigue, quelque chose que j'espérais tout au long du livre n'est jamais arrivé : quelle déception !

Ce fut néanmoins une superbe lecture, vivante, colorée, passionnante, de beaux destins de femmes, et une belle réflexion sur la maternité, l'adoption, les origines, et plus, largement, la famille, que ce soit celle du sang, ou une autre ... Un auteur à découvrir !




"La fille secrète", Shilpi Somaya Gowda, Folio, 2011


vendredi 26 janvier 2018

Méli-mélo d'albums # 1






Vous l'aurez peut-être remarqué, je ne publie plus beaucoup de chroniques d'albums ...

Mon Petit Loulou a été très très friand d'albums, mais maintenant qu'il sait lire (il a 7 ans), il dévore des bandes dessinées ... Je le retrouve plongé dans mes "Boule et Bill", mes "Astérix", mes "Cédric" de mon enfance, imperméable au monde qui l'entoure, demandant à lire "encore un petit peu tout seul au lit, maman, après j'éteins, promis", et j'adore ça  ;-)

Mais du coup, ma Mini Louloute étant plus occupée à découper toute feuille qui rencontre son chemin en 1000 morceaux ou à jouer aux Sylvanians, je me retrouve un peu seule avec les merveilleux albums que je commande pour la bibliothèque où je travaille, et qui n'intéressent plus grand-monde chez moi.

Tout ce blabla pour inaugurer cette rubrique "Méli-mélo d'albums", où je vous présenterai mes coups de coeur, mais en les rassemblant, pour me concentrer un peu plus sur les billets de littérature.

Résultat de recherche d'images pour "la grande dispute des petites princesses"

"Dans un royaume très lointain vivaient sept princesses, si différentes qu'on avait du mal à croire qu'elles étaient soeurs... 
Une belle histoire de famille avec ses querelles, ses chamailleries, et surtout ses réconciliations."

J'ai tout de suite été attirée par les illustrations, magnifiques, de cet album : tout en pastel, dans les tons roses-mauves si chers à nos coeurs, à ma Mini Louloute et à moi. Les 7 princesses ont toutes leurs caractères et particularités : l'une aime la musique, l'autre le jardinage ou encore la natation. Et elles n'arrivent plus à vivre ensemble sans se disputer. Que faire ? Séparées, elles sont malheureuses aussi ... Mais l'une d'entre elles trouvera la solution !

Ma Mini Louloute aime beaucoup cet album, et si je suis toujours aussi admirative des illustrations, j'avoue trouver le texte un peu longuet et répétitif.

"La grande dispute des petites princesses", Smiljana Coh, Larousse, 2017


Résultat de recherche d'images pour "l'abri céline claire" 

“Petit Renard demande : “Et si des gens sont dehors ?


"L'abri"  est mon méga coup de coeur de ces derniers mois ! Il raconte l'histoire de Petit Renard et sa famille, dans les bois. Une tempête s'annonce et, comme toutes les autres familles d'animaux, ils se barricadent dans leur terrier en faisant des provisions. Seul Petit Renard s'inquiète de ceux qui resteront dehors ... et justement, voilà deux inconnus qui frappent à toutes les portes, demandant de l'aide, un peu à manger, un peu de lumière. Mais chacun se méfie et personne ne leur ouvre .... Sauf Petit Renard, qui écoutera son coeur ...

En plus du thème très actuel qui interpelle et qu'il est évidement très important à aborder avec les enfants, cet album possède la magie des petites merveilles ..., Les illustrations sont douces, aux couleurs de l'automne, comme faites à l'aquarelle (je n'y connais rien), et le papier est épais et granuleux ... C'est un extraordinaire bonheur de lecture, un régal pour les yeux et une histoire très émouvante, empreinte de solidarité et d'empathie. A mettre entre touts les mains ! 

"L'abri", Céline Claire et Qin Leng, Bayard jeunesse, 2017


Résultat de recherche d'images pour "mon tout petit ours"

A nouveau, un gros craquage ici pour les illustrations, toutes douces ! Petit ours et son papa partent en balade vers la rivière. Tout au long du chemin, des obstacles font peur à petit ours, mais son papa l'encourage . Un très joli album, tout simple, sur la confiance en soi et la bienveillance des parents !


"Mon tout petit ours", Sean Taylor et Emily Hugues, Milan, 2016 


Les deux maisons 


Dans leur maison de sel se disputent le p’tit vieux tout en sel et la p’tite vieille tout en sucre. Un jour, le vieux lui dit Va te faire une maison en terre ! Elle est alors si triste qu’elle demande au ciel de pleurer à sa place…

Adapté d'un conte grec, voici une très jolie histoire sur la difficulté de vivre ensemble et d'accepter les différences. Une fois la p'tite vieille partie, son p'tit vieux lui manque, mais si elle pleure elle se mettra à fondre ... la pluie qui tombe ravage aussi du coup la maison toute en sel du p'tit vieux, qui file se réfugier chez la p'tite vieille. Ils se donnent alors un baiser (beeeeeerk ! crient mes enfants) et du coup, ils sont chacun mi sel, mi sucre et dès lors, ils s'entendent à merveille ...

L'originalité du livre est dans les illustrations, mi photos, mi collages, et donne une teinte particulière à cette histoire qui fait merveille chez les enfants !

"Les deux maisons", Didier Kowarsky et Samuel Ribeyron, Didier Jeunesse  


Voici ma première sélection d'albums ... lequel vous tente le plus ? 

mardi 23 janvier 2018

Les yeux de Sophie, Jojo Moyes




Je n'avais jamais lu Jojo Moyes, malgré son succès, et pour être honnête j'avais un à priori sur ses livres, que j'avais classés dans la rubrique "sentimental/mièvre". Jamais je n'aurais lu "Les yeux de Sophie" (déjà le titre, pfff), sans avoir lu la critique quatre étoiles du magazine Lire, que j'épluche religieusement pour le boulot. Bien que classée effectivement dans la rubrique "sentimental", la critique faisait l'éloge du roman de façon si convaincante que, l'ayant repéré chez Pêle-Mêle, je lui ai laissé sa chance.

Bien m'en a pris ! J'ai passé un très agréable moment de lecture avec ce pavé de presque 600 pages, qui, alternant les époques de la Première guerre mondiale et d'aujourd'hui, s'est révélé passionnant.

Le pitch : 1916 en France. Sophie Lefèvre attend son mari Edouard, peintre, parti au front, et tient l'auberge familiale avec sa soeur, quand les Allemands la réquisitionnent. Le Kommandant allemand, fasciné par le portrait de Sophie peint par Edouard, "Les yeux de Sophie", développe envers elle une certaine obsession. Sophie, prête à tout pour retrouver son mari, prendra une dangereuse décision.

Un siècle plus tard à Londres, le tableau se trouve chez Liv, qui vient de perdre son mari. Elle rencontre alors Paul, mais leur idylle est menacée par le job de Paul, à qui on a justement confié la mission de retrouver "Les yeux de Sophie", et de le rendre à la famille Lefèvre ...


La première partie du roman est écrit à la première personne, du point de vue de Sophie, en 1916, et j'ai tout de suite été prise dans son histoire, jusqu'à la décision qui fait basculer sa vie. Et nous sommes déjà à presque 200 pages ... Et puis boum, nous voilà en 2006 avec Liv, et si j'avoue avoir pesté qu'on m'enlève Sophie à un moment crucial, j'ai rapidement adoré la partie de Liv, que j'ai trouvé touchante. Les deux époques s'alternent ensuite jusqu'à la fin, et mon intérêt n'a fait que s'amplifier, je me suis totalement plongée dans ce roman sentimental, oui, mais surtout extrêmement romanesque, ce qui est pour moi une grande qualité pour un roman (après tout moi ce que je veux c'est être emportée par le souffle d'une grande histoire ...). Malgré quelques clichés et ficelles un peu grosses par moments, j'ai adoré ce roman, et je regrette les choix du titre et la couverture, que je trouve un peu gnan-gnan, pour un roman qui fut une jolie découverte.

Bon, je ne pense pas lire toute la biblio de Jojo Moyes pour autant (j'ai jeté un oeil aux résumés de ses autres livres : les héroïnes ont toutes perdu leur mari ou quoi ?), mais je ne regrette pas ma curiosité (merci le Lire !).


"Les yeux de Sophie", Jojo Moyes, Milady, 2017, 563 p.

lundi 15 janvier 2018

Poppy et les métamorphoses, Laurie Frankel



Déniché complètement au pif dans les rayons de ma librairie d'occasion favorite, "Poppy et les métamorphoses" s'est révélé être un énorme coup de coeur, un de ceux qui nous font craindre le goût forcément fade de la lecture suivante ...

Tout commence avec la rencontre de Rosie et de Penn, qui donnera lieu à un mariage heureux et à la naissance de quatre garçons (quatre !). Pour sa dernière grossesse, Rosie croise les doigts très fort et espère bien évidement une fille ... et c'est le petit Claude qui naît. Pourtant, celui-ci se distingue dès son plus jeune âge : il demande à porter des robes et ne souhaite rien de plus fort que d'être une princesse ... Voilà Claude qui, dans son corps de garçon, se sent fille. La famille se met à l'appeler Poppy (du nom de la jeune soeur de Rosie, décédée enfant, gloups), et accepte joyeusement l'état des choses. Mais rien ne sera facile pour Poppy-Claude, à commencer par l'école, les amis, l'entourage, bref le regard des autres ... Poppy rejetée, la famille décide de déménager à l'autre bout du pays, et de ne pas révéler "ce que Poppy a dans sa culotte, qui ne regarde personne". Mais comment grandir, et que faire, arrivée à l'âge des métamorphoses adolescentes ?


Le thème de l'enfant transgenre ne m'attirait pas plus que ça, mais quelque chose dans les premières lignes du bouquin me soufflait que j'allais adorer. Et ce fut le cas, j'ai eu un gros coup de coeur pour cette famille un peu barge, pour Poppy et ses robes, mais surtout pour Rosie et Penn. L'écriture de Laurie Frankel est absolument délicieuse et pleine d'humour, malgré le sujet finalement grave des perturbations d'identité chez un enfant, elle réussit, surtout grâce à son couple de parents extraordinaires, à donner une énergie et une vitalité dingue à son récit. Un régal de lecture.

Bourré de passages drôles sur la parentalité (voir mon extrait ci-dessous), qui m'ont beaucoup touchée, le roman est une formidable réflexion sur l'acceptation de soi et des autres, à travers l'histoire de Poppy, que sa famille accepte comme il/elle est, et en est presque "trop positive", comme on le leur reprochera. "Cet enfant na pas assez souffert", dira l’inénarrable Mr Tongo, un excentrique chez qui Penn et Rosie iront chercher conseil :


"- Que peut-on faire pour aider Poppy ?
- Vous? Rien du tout. Vous en avez déjà trop fait. C'est à son tour de passer à l'action. Et elle a déjà commencé en faisant son coming out. C'est la première étape.
- D'accord, ça, c'est fait, concéda-t-elle. Mais bien malgré elle. C'est quoi la deuxième étape?
- La deuxième étape, c'est de se faire rejeter par un bon nombre de personnes et le vivre très mal.
- Ça aussi, c'est fait. Et la troisième étape?
- La troisième étape est plus amusante. La troisième étape, c'est de continuer à avancer.
- Et ça prend combien de temps? demanda Rosie de mauvaise grâce.
- Ça prend toute la vie, répondit M. Tongo, de son air jovial habituel. C'est une bonne chose qu'elle s'y mette tôt."


Les presque 600 pages du roman défilent vite, et je n'avais aucune envie de le terminer. Ce fut mon premier coup de coeur de l'année, et j'ai hâte de commencer l'autre roman de Laurie Frankel, "Adieu ! ou presque", que je me suis offert dans la foulée !


Un régal


"Poppy et les métamorphoses", Laurie Frankel, Fleuves éditions, 569 p., 2017

lundi 8 janvier 2018

Les loyautés, Delphine de Vigan






Delphine de Vigan étant une de mes auteurs fétiches, je n'ai pas pu attendre longtemps avant de me précipiter en librairie pour dévorer son nouveau roman.

Et quel roman ...

Hélène, prof de sciences, remarque l'attitude en retrait de Théo, 12 ans et demi, et soupçonne le jeune garçon d'être battu. Elle l'observe, s'interroge, et se rappelle sa propre enfance malheureuse.

Théo, de son côté, vit comme il peut la garde alternée de ses parents, entre son père à la dérive et sa mère impitoyable. Il prend sur ses épaules des responsabilités beaucoup trop lourdes pour son âge, est tiraillé entre ses deux parents, et sombre peu à peu dans l'alcool, avec son ami Mathis, fasciné par lui.

Cécile, la mère de Mathis, n'aime pas ce Théo, qu'elle soupçonne d'avoir une mauvaise influence sur son fils, mais sa vie tranquille bascule quand elle découvre la face cachée de son mari.

Roman choral, "Les loyautés" est très sombre, noir, quasiment sans espoir. N'y cherchez pas la joie ou le bonheur. Chaque personnage vit un drame et se laisse sombrer, pris au piège par ses loyautés : Théo se doit d'être loyal envers son père, et de ne pas raconter à sa mère la déchéance de ce dernier, mais protège aussi sa mère, en ne lui racontant rien de sa semaine "de l'autre côté, chez "ce connard" dont elle ne veut plus prononcer le nom. Hélène veut à tout prix sauver Théo, sans même savoir de quoi, sans même avoir de preuves de maltraitance, pour rester loyale à la petite fille battue qu'elle a été, et qu'elle n'a pas pu sauver, d'une certaine façon, au vu de la cicatrice à vie qu'il lui reste, la douleur de ne pas pouvoir avoir d'enfant. Cécile doit-elle rester loyale à son mari, malgré la découverte de sa face sombre ? Comment rester et vivre comme avant ?


« J’ai pensé que le gamin était maltraité, j’y ai pensé très vite, peut-être pas les premiers jours mais pas longtemps après la rentrée, c’était quelque chose dans la façon de se tenir, de se soustraire au regard, je connais ça, je connais ça par cœur, une manière de se fondre dans le décor, de se laisser traverser par la lumière. Sauf qu’avec moi, ça ne marche pas. Les coups je les ai reçus quand j’étais gosse et les marques je les ai cachées jusqu’au bout, alors à moi on ne la fait pas. »


J'ai dévoré ce roman en quelques heures et si je me suis attachée à tous les personnages, mon coeur s'est brisé devant celui de Théo, ce "gamin que sa mère ne protège pas", et qui comble les failles des adultes, lui encore si petit, qui veut les protéger en oubliant de se protéger lui-même, au point de mettre sa vie en danger en recherchant l'oubli et l'inconscience, dans l'alcool. Théo est tellement touchant, et Delphine de Vigan dénonce via son personnage les failles de cette société, des parents qui, trop occupés à se déchirer, trop centrés sur eux-mêmes, ne voient pas que leur enfant va mal, ne le protègent pas. Cela m'a mise très en colère ... Tant de drames dans ce roman et si peu de parole, de communication ! Hélène ne parvient pas à parler à Théo, sa mère est murée dans son silence hostile, son père ne l'écoute pas ... Il crie à l'aide et personne n'entend ...

L'écriture de Delphine de Vigan est toujours aussi magnifique, et j'ai passé un excellent moment de lecture, quoique très sombre, forcément ... jusqu'à la fin, qui me laisse un goût d'inachevé, qui me laisse furieuse et frustrée. Pourquoi ne pas avoir écrit 100 pages de plus ? pourquoi ne pas être allée au bout du récit ? Voilà mon seul reproche à cette très belle lecture et ce pourquoi je n'en fais pas un coup de coeur ...


"Les loyautés", Delphine de Vigan, JC Lattès, 2018, 205 pages

mardi 2 janvier 2018

Les attachants, Rachel Corenblit





Céline m'avait prévenu que ce serait dur, éprouvant à lire, mais que ça en valait la peine ...

Et elle avait raison, comme souvent ! ;-)

C'est donc le roman (récit ?) d'Emma, une jeune institutrice, et de ses galères de débutante, déchirée entre quatre classes sur quatre jours, dans quatre écoles différentes. L'une de ces école, les Acacias, c'est vraiment le bout du bout. Les cas sociaux, les désespérés, les parents négligents à la limite de la maltraitance, les enfants en colère qui n'écoutent pas, qui frappent, qui crient. Emma raconte sa classe, ses chiants, ses attachants, ses attachiants.


Cette classe des Acacias, pour Emma, c'était comme "le cadeau qu'on offre aux débutantes pleines d'enthousiasme et de zèle pour qu'elles comprennent que l'Education nationale était à l'image de la vie, un monde sans pitié où il fallait avant tout s'adapter. Pour qu'elles réalisent aussi que la vocation, c'était un mythe, un délire romantique, qu'il fallait vider de ses idéaux pour appréhender la substantifique moelle du métier : apprendre à survivre.".

Il y a Molly, battue par ses parents, Emir qui rackette les petits, Yaël qui "s'oublie" toute la journée. Karima, à qui on fait porter sur les épaules la responsabilité de toute une famille. Sans oublier Ryan, dont Emma n'a pas vu les signaux de détresse, et qui un jour balancera son horrible drame ...

Il y a le directeur, Aucalme (ce nom !), qui en a vu, trop vu, et vers qui Emma se tourne pour gérer toute cette misère.

Et enfin, il y a un amoureux, et un bébé pas vraiment prévu ...


"Une classe, c’est comme un roman. Vingt-six histoires qui se combinent, qui se heurtent qui s’emboitent. Cinq jours sur sept, de huit heures du matin jusqu’à la fin de l’après-midi, près de neuf mois dans une année, ces histoires se tissent. Si l’on calcule le temps passé ensemble, on s’effraie de constater à quel point une classe absorbe les individus qui la constituent."

Le roman de Rachel Corenblit est percutant, bouleversant, effrayant. Je l'ai lu non pas comme un roman, mais comme un récit, car je suis persuadée que tout cela existe, que pour des tas d'enseignants, ces drames sont le lot quotidien. C'est un roman en forme de coup de poing, chaque histoire nous frappe en plein coeur, et, moi qui suis hypersensible, j'ai hésité à le lire, comme j'avais hésité et puis renoncé à lire "La maladroite", d'Alexandre Seurat.


"Trois gamins. Le père, pas de nouvelles. Souvent les pères partent, décollent, disparaissent, à croire qu'on vit dans un monde sans pères depuis quelques temps. Mais où vont-ils, tous ces hommes? Il doit y avoir un pays où ils s'installent. La patrie des pères perdus. Une île éloignée, je ne sais pas, un triangle des Bermudes qui les retient prisonniers. un paradis où ils oublient leur femme, leurs gosses et leurs responsabilités."


J'ai été touchée par chaque enfant du roman, mais c'est resté supportable, grâce à l'écriture tout en sobriété de Rachel Corenblit, dont c'est le premier roman que je lis.


"Les attachants", Rachel Corenblit, La brune au rouergue, 2017, 187 p.