mercredi 31 mai 2017

Le gardien des choses perdues : "Allons prendre la bonne petite tasse de thé", dit Sunshine


La quatrième :

Londres, mai 1974. Anthony Peardew attend sa fiancée, Thérèse. Celle-ci est étonnamment en retard. Il est loin de se douter qu’elle n’arrivera jamais, gisant au centre de l’attroupement qui s’est formé quelques centaines de mètres plus bas sur la chaussée.

De retour chez lui ce même jour, Anthony réalise qu’il a égaré le médaillon que Thérèse lui avait confié, rompant ainsi la seule promesse qu’elle lui ait jamais demandé de tenir. Le coeur brisé, il passera le restant de son existence à collecter des objets trouvés au hasard de ses promenades, dans l’espoir de pouvoir un jour les restituer à leurs propriétaires.
Désormais âgé de soixante-dix-neuf ans, le vieil homme décide de léguer sa demeure victorienne et les “trésors” qu’elle recèle à sa fidèle assistante Laura, qu’il pense être la seule à même d’accomplir la mission qu’il s’est donnée. En exprimant ses dernières volontés, il est loin de se douter de leurs répercussions et de l’heureuse suite de rencontres qu’elles vont provoquer…


Recommandé très chaudement par mon amie Ana (vous pouvez lire son avis sur son joli blog ici), j'ai dévoré ce roman en deux jours !

L'histoire est originale et prenante, on ne s'ennuie pas une minute, et le roman est très bien écrit, avec ce petit quelque chose qui me fait me dire "j'entends la petite voix de l'auteur, sa petite musique qui coule toute seule", mais, par-dessus tout (et comme Ana), j'ai eu un coup de foudre pour les personnages.

Anthony, vieil homme blessé par son amour perdu, plein à craquer de regrets et de souvenirs tristes, Laura, son amie dévouée, qui trouve chez lui une nouvelle raison de vivre, mais surtout Sunshine et son irrésistible obsession à "faire la bonne petite tasse de thé", sans oublier Eunice et Bomber, et cette peste de Portia.

Le roman se découpe en plusieurs époques et voix, que les chapitres alternent, jusqu'au dénouement où le lecteur découvre le lien entre toutes ces histoires ...

Le livre dégage dans son ensemble un charme fou, de poésie, d'inventivité et de ce petit quelque chose de purement british, dont je raffole .

Ce que j'ai le plus apprécié, c'est les histoires dans l'histoire : les petites nouvelles écrites par Anthony sur base des choses perdues qu'il récolte et à partir desquelles il invente tout de son propriétaire, petites merveilles poétiques et toujours passionnantes, qui donne véritablement un petit plus au roman.

Une très belle découverte, que je conseille à mon tour vivement !


"Le gardien des choses perdues", Ruth Hogan, Actes Sud, 2017




jeudi 18 mai 2017

"Par amour" - "Même ceux qui ne sont pas forts en sciences savent que l’on tombe toujours plus vite que l’on ne se relève"


Le dernier roman de Valérie Tong Cuong nous conte le destin d'une famille du Havre, pendant la Seconde Guerre mondiale. Deux soeurs très différentes, Emélie et Muguette, et leurs familles, confrontés à l'exil, les bombardements, la peur quotidienne, les horreurs de la guerre.

Roman choral qui donne voix à chaque personnage, deux adultes et deux enfants, "Par amour" raconte l'histoire d'une famille ordinaire prise dans les tourments du conflit, leurs doutes, leur peur immense d'être séparés, leur amour.

Je me suis énormément attachée aux personnages, surtout ceux de Muguette, mère-poule atteinte de tuberculose, et de Marline, sa petite fille qui, du jour au lendemain, a cessé de parler. Le roman est riche en rebondissements et en émotions, et j'ai suivi cette famille comme si c'était la mienne : j'ai tremblé pour eux, j'ai souffert avec eux, je ne voulais plus les quitter.

Muguette se résout à envoyer ses deux petits, Marline et Joseph, en Algérie, le temps de la guerre, et le roman nous fait réellement sentir, respirer cette Algérie, havre de paix pour les enfants en exil, le jasmin, les fruits, la douceur de l'air, le bleu de la mer. Mais nous ressentons aussi bien la terreur des bombardements, Allemands ou alliés, la poussière, le manque de nourriture, le froid, la séparation, l'angoisse.

Prise dans l'histoire, je me suis laissée emporter, bercée par la très belle écriture de Valérie Tong Cuong, et je n'ai quitté qu'à regret la douce Marline, et les autres.

Un très beau roman sur la guerre, l'amour, la famille, où le mot "romanesque" prend tout son sens.


"Par amour", Valérie Tong Cuong, Lattès, 2017



lundi 15 mai 2017

On a ri. Les enfants sont cruels.



Pour débuter la semaine, une histoire profonde et tragique : celle de Caca, le chien qui pue.

Caca, comme son nom l’indique, ne sent pas très bon, et n'a donc aucun ami, le pauvre, tout le monde s'enfuit à sa vue. Pauvre Caca, il est bien triste.

Mais c'est aussi l'histoire de Bichel, un pingouin perpétuellement enrhumé qui n'avait, lui non plus, aucun ami, car les autres avaient peur d'attraper son rhume.



Un jour, Caca et Bichel se rencontrèrent, et devinrent amis, le nez bouché de Bichel n'étant pas un obstacle. Et ils jouent, ils s'amusent, c'est merveilleux ....




Et puis, un matin, Michel (le vrai nom de Bichel) fut guéri. Plus de rhume. Le nez enfin dégagé, il couru rejoindre son ami Caca.



Et bien sûr, ce fut LE DRAME.

Michel sentit enfin l'odeur de son ami. S'enfuit. Et le pauvre Caca n'eut, à nouveau, plus un seul ami.

"Quoi ? Mais qu'est-ce que tu lis aux enfants, là ? C'est horrible ! ", s'exclama mon mari, choqué.

Il était bien le seul, mes deux loulous étaient pliés de rire.

Les enfants sont cruels (et moi aussi, apparemment, car j'ai bien rigolé - un petit crush pour Bichel et pour l'humour féroce de ce petit album amoral).

Court, drôle, cruel, original et osé, voilà un album qui a fait mouche chez nous, car mes enfants adorent se traiter de "caca "et autres "prouts qui puent" (poésie, poésie).

En tout cas, ils n'ont pas été traumatisés.


"L'histoire vraiment très triste de Caca le chien qui pue", Peter Elliott,  éd. Amaterra, 2015

jeudi 11 mai 2017

"La fille qui lisait dans le métro", Christine Féret-Fleury




La quatrième :

Juliette prend le métro tous les jours à la même heure. La ligne 6, le métro aérien. Ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est observer, autour d’elle, ceux qui lisent. La vieille dame, le collectionneur d’éditions rares, l’étudiante en mathématiques, la jeune fille qui pleure à la page 247. 

Elle les regarde avec curiosité et tendresse, comme si leurs lectures, leurs passions, la diversité de leurs existences pouvaient donner de la couleur à la sienne, si monotone, si prévisible.
Jusqu’au jour où Juliette décide de descendre deux stations avant son arrêt habituel, et de se rendre à son travail en coupant par une rue inconnue ; un pas de côté qui va changer toute sa vie.

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Voici un court roman (moins de 200 pages) qui me tentait beaucoup, et que j'ai eu l'occasion d'emprunter au boulot. Lu en une soirée (et quelques trajets en train !), je l'ai dévoré avec plaisir, comme une jolie gourmandise, tout en légèreté. 

Surfant sur la vague à la fois de "feel good books" et de ces romans qui mettent en scène les librairies, ou la lecture, le roman a un petit côté "cocon". Juliette, solitaire, se réfugie dans la lecture et rêve sa vie qu'elle trouve bien monotone. Sa curiosité face aux autres lecteurs du quotidien, et les rencontres qui en découlent, vont bouleverser sa petite routine et élargir ses horizons.

J'ai aimé me laisser embarquer dans cette jolie histoire, tout en ayant un petit regret, celui de rester un peu en surface. L'histoire aurait pu être approfondie, à mon sens, de même que les personnages. 

Un roman léger, agréable et très vite lu, qui questionne sur les changements de vie, la place des livres dans nos existences, et le tout enrobé dans une jolie histoire, mais qui m'a laissé un goût de trop peu.

"La fille qui lisait dans le métro", Christine Féret-Fleury, Denoël, 2017



jeudi 4 mai 2017

Treize livres en une semaine


Qui a vraiment cru qu'être bibliothécaire, et avoir donc accès gratuitement à tous les livres que je veux, me ferait faire des économies ? Hein ? Sérieusement ?

J'ai donc acheté treize livres en une semaine. 

Pour ma défense, uniquement en librairie d'occasion (coucou Pêle-Mêle, caverne d'Ali baba !), et suite à une formation de deux jours sur la littérature américaine, où j'ai croulé sous les titres intéressants à noter (c'était le but, en même temps, et je vous rassure, je ne les ai pas tous achetés).



Je commence par vous présenter ces livres américains donc ! 

* Que des classiques ... Je n'avais jamais lu Toni Morrison, je me suis donc lancée dans "Délivrances" et dans le très connu "Beloved",  et pour le moment j'alterne entre des passages superbes et d'autres plus difficiles à lire (surtout dans "Beloved"). 

* J'ai aussi découvert Louise Erdrich, dont le titre (et la sublime couverture) de "Femme nue jouant Chopin" m'attire beaucoup, et j'ai également trouvé un de ses romans les plus connus, "La malédiction des colombes". 

* Pour finir, j'ai acheté (à 1 € ! ) les "Chroniques de San Francisco", d'Armistead Maupin, que je connaissais de nom, et dont la première page, très drôle, m'a réjouie, tandis que les suivantes me font craindre un livre un peu creux ... à suivre ...



Passons ensuite aux achats/trouvailles, disons, plus "compulsifs" (genre, je n'ai pas l'excuse de "on en a parlé à ma formation, je DOIS le lire, tu comprends ?").

* Grâce à / à cause de Abracadabooks, j'ai craqué pour les 700 pages de "L'improbabilité de l'amour", titre qui effectivement, comme elle le dit, ne m'aurait pas attiré, de même que la couverture un peu cucul, mais voilà la magie des blogs, elle m'a convaincue !

* Une découverte, en farfouillant dans les nouveautés, pour un roman que je ne connaissais absolument pas, "Le châle de Marie Curie", de Déborah Lévy-Berthérat :


Deux femmes partagent, le temps d'une nuit, une chambre d'hôpital. L'une est kabyle et musulmane, l'autre française et  juive : tout les sépare sauf leurs cancers, qui sont les mêmes. 

Au cours de la nuit, par les paroles et les silences, le passage des soignants et des proches, elles vont se découvrir, se rencontrer.  Leurs histoires se tissent, leurs fantômes se croisent, comme celui de Marie Curie, qui hante l'hôpital.  

Est-on assez nu dans la maladie, assez dépouillé de tous ses masques, pour atteindre, au fond de soi-même et de l’autre, un noyau commun d’humanité ?


Tentant, non ?

* Acheté 0.25 €, une relecture, "Prochain arrêt le Paradis", de Melissa Bank, dont je n'ai plus aucun souvenir ....




Les cinq derniers (et encore, j'ai omis les Yakari chinés pour mon Petit Loulou, dingue de Bd depuis quelques semaines - youpiiiie) :

* "Plonger" de Christophe Ono-dit-Biot (quel nom, tout de même), dont j'avais beaucoup entendu parler à sa sortie en grand format. Voir une dame le lire dans le train m'a donné l'envie de me le procurer. Comme quoi, il ne m'en faut pas beaucoup ;-)

* "84, Charing Cross Road", de Helene Hanff, un autre classique, à qui je redonne une chance après qu'on m'en ai fait l'éloge (il m'était tombé des mains il y a quelques années).

* "Le jardin des secrets", de Kate Morton, acheté sur un coup de tête, en vue d'une lecture-je-me-vide-la-tête (comme devant les sagas de l'été, un peu)

* "La fille de l'irlandais", de Susan Fletcher, auteur autour duquel je tourne régulièrement, sans finalement la lire

* Et enfin, "Parmi les dix milliers de choses", de Julia Pierpont, qui m'avait attirée en grand format, et que j'ai trouvé en poche d'occasion avec bonheur !


Je vous dirais bien que là c'est bon, j'ai de quoi lire ...

Mais il y a des caisses de nouveautés qui sont arrivées au boulot, et j'ai déjà plein d'envies de lecture ;-)

Avez-vous lu un ou plusieurs livres ci-dessus ? Qu'avez-vous acheté dernièrement ?