vendredi 23 décembre 2016

Petite pause ...


Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour le blog cette semaine, ni pour ma chronique album du mercredi (qui fut un Grand Mercredi, avec de l'enfant crevé-au-bout-de-sa-vie dedans) ni même pour lire (au secours !).

Et, vous vous en doutez, avec les fêtes et mes minis lecteurs en vacances, ça ne va pas s'arranger ... (et je n'ai même pas encore eu le temps de voir une énième fois "Love Actually", malheur, ce Noël commence mal ;-)

Le blog sera donc au ralenti pour quelques jours ... Le temps de me plonger dans mes lectures (la pile ci-dessus n'est que la toute dernière ajoutée, avec quelques bouquins du boulot !), le temps de savourer les albums que les kids recevront bientôt (et il y en aura des magnifiques !), de vivre les fêtes au calme et en famille (enfin, au calme, j'espère !), et je reviendrai vous parler de toutes ces pépites !

D'ici là, je vous souhaite à tous de merveilleuses fêtes, une fin d'année douce et pleine de joie, bonheur et paillettes - et de lectures ;-)



lundi 19 décembre 2016

"Fièvre", Megan Abbott


De temps en temps je me laisse tenter par un polar, tant que celui-ci que traite pas de meurtres/disparitions/horreurs à propos d'enfant, et ne soit ni gore si sanglant (oui, ça restreint quelque peu, mais je me protège un minimum).

Je ne connaissais Megan Abbott que de nom, mais me voilà conquise ! Dévoré en quelques trajets en train, ce thriller est diablement prenant et efficace ...


La quatrième :

Deenie et ses meilleures amies Lise, Gabby et Skye ne pensent qu'à une chose : qui l'a déjà fait ? est-ce que ça fait mal ? Elles passent leur temps à pianoter nerveusement sur leur téléphone et à échanger les derniers potins du lycée. 
Un matin, en classe, Lise est prise d'une violente crise de convulsions et transportée aux Urgences. Deux jours plus tard, Gabby subit le même type de crise. Deenie s'inquiète. Est-ce un virus ? Serait-ce lié à leur folle baignade dans le lac interdit ? 
Alors que les théories les plus fumeuses circulent et que les autorités médicales semblent dépassées, la panique submerge petit à petit la communauté entière. Qui sera la prochaine victime de cette mystérieuse fièvre ?

Megan Abbott installe très vite une certaine atmosphère, lourde de tensions et le lecteur ne peut plus s'arrêter de lire, effrayé par ce qui arrive aux jeunes héroïnes ... qui se révèlent elles-mêmes passionnantes, dans leurs secrets, leurs tourments, leurs émois. L'auteur nous plonge dans l'adolescence américaine typique, et ce roman m'a tout de suite fait penser à Laura Kasischke et Joyce Carol Oates, pour l'ambiance glauque et malsaine, et surtout pour la façade toute proprette de "l'american way of life", qui dissimule tant de noirceur sous les sourires des jeunes filles ...


L'intrigue n'évolue pas très vite, mais le roman se dévore, et se révèle un excellent thriller, qui vaut surtout pour son ambiance, ses descriptions moites du mystérieux lac, de l'épidémie, de la panique des parents, et de l'adolescence américaine.

Une auteur que je relirai avec plaisir !


"Fièvre", Megan Abbott, Le Livre de poche, 2016




mercredi 14 décembre 2016

Rose à petits pois, sublime album !


Adèle tient le café "Le tablier à pois", où tout le village aime se réunir pour boire un thé fumant, raconter les derniers potins ou regarder un vieux film.

Adèle est une jeune femme solaire, qui sourit, sifflote, joyeuse et radieuse ... quand il fait beau ... Mais dès qu'il pleut, Adèle ferme le café, reste sous la couette, et attend que ça passe ... Elle ne mettra pas le nez dehors !

Lucas, l'épicier du village, passe tous les jours, apporte ses légumes, et des fleurs à Adèle, pour qu'elle en fasse de magnifiques bouquets. Il aime aussi prendre soin d'elle ...




Un jour, elle trouve au café une paire de bottes roses en caoutchouc, avec un soleil dessiné sur le semelle ... puis un imperméable rose .... et un parapluie à pois... Adèle cherche d'abord quelle cliente aurait pu oublier ainsi ses affaires au café, mais personne ne sait à qui tout cela appartient ...


Alors, un jour de pluie, elle enfile cette jolie parure et ose enfin mettre le nez dehors ...




Cet album, je le chéris, je l'attendais depuis longtemps, car je suis fan des illustrations de Geneviève Godbout, dont j'ai déjà parlé ici ou .

L'histoire de "Rose à petits pois" n'est pas très originale, on voit sans surprise où les auteurs veulent nous emmener, mais l'album est d'une telle beauté que l'on pardonne aisément cette petite faiblesse.

Les illustrations sont douces, rosées, pastels, pleines de fleurs, et de détails adorables, girly à souhait et délicieusement rétro. Le style de Geneviève Godbout est vintage et féminin, et ses dessins sont comme estompés, ce qui leur donne un caractère unique et très doux.

Disons le tout net : si je pouvais faire encadrer chaque page, je le ferais ;-)

La page de garde annonce un album "pour enfants de 8 ans et plus", mais, clairement, même quand elle aura 8 ans, Mini Louloute ne me le chipera pas ;-)

Un très très bel album donc, une jolie histoire, et surtout des illus magnifiques, qui en font un petit bijou, qu'on a envie d'exposer, de montrer à tout le monde, et de garder sur sa table de chevet, juste pour le plaisir des yeux ....

"Rose à petits pois", Amélie Callot et Geneviève Godbout, La Pastèque, 2016

lundi 12 décembre 2016

"Dans le jardin de l'ogre", ou l'addiction sexuelle au féminin



Premier roman de Leïla Slimani, l'histoire est celle d'Adèle, 35 ans, un petit garçon de 2 ans, un mari médecin, un job de journaliste. Elle a tout. Le confort, l'amour, les amis, l'argent, la maternité. Elle a l'air sage, Adèle.

Mais sous la surface, se cache l'addiction. Le désir jamais assouvi, les pulsions qui dorment en elle et soudain prennent le dessus. Vite, il lui faut un homme, n'importe lequel, n'importe où, adossée à une poubelle, dans une station de métro, un inconnu, un voisin, un ami de son mari, même.


Une semaine qu’elle tient. Une semaine qu’elle n’a pas cédé. Adèle a été sage. (...)
Mais cette nuit, elle en a rêvé et n’a pas pu se rendormir. Un rêve moite, interminable, qui s’est introduit en elle comme un souffle d’air chaud. (...)
Sous la douche, elle a envie de se griffer, de se déchirer le corps en deux. Elle cogne son front contre le mur.Elle veut qu’on la saisisse, qu’on lui brise le crâne contre la vitre. (...) Elle voudrait n’être qu’un objet au milieu d’une horde, être dévorée, sucée, avalée tout entière. Qu’on lui pince les seins, qu’on lui morde le ventre.
Elle veut être une poupée dans le jardin d’un ogre.

A
dèle flotte en surface : l'amour qu'elle port à son fils trouve ses limites quand il lui en "demande trop", son mari est un compagnon qui lui offre à la fois la façade de la respectabilité et une île de paix à rejoindre, entre deux excès de chair, entre deux angoisses de vide. Adèle s'offre au premier venu, quand le désir la rend folle et prend possession de son âme. Mais elle n'est jamais rassasiée, tout est toujours trop doux, trop routinier. Elle rêve de violence, de viol, de meurtrissures, de bleus à l'âme et au corps. Chaque amant souffle un peu sur sa flamme, sans jamais l'éteindre tout à fait.

Adèle joue avec le feu, néglige son enfant, ment à son mari, délaisse son boulot, pour s'enfoncer toujours plus loin et plus fort dans les situations glauques et extrêmes, frôlant le danger, comme celle, hallucinante, où elle demande à deux hommes de la frapper, jusqu'à le déchirer, pour enfin ressentir quelque chose d'assez fort pour elle ...

Cette addiction la bouffe, au point de la rendre froide, un monstre d'égoïsme, comme lorsqu'elle apprend l'accident de la route de son mari, et songe au champ libre que ça aurait pu lui laisser, s'il ne s'en était pas sorti :


À une veuve, on pardonne beaucoup de choses. Le chagrin est une excuse extraordinaire. Elle pourrait, tout le reste de sa vie, multiplier les erreurs et les conquêtes, et l’on dirait d’elle : « La mort de son mari l’a brisée. Elle n’arrive pas à s’en remettre. »


Premier roman donc, pour Leïla Slimani, récemment primée d'un Goncourt pour "Chanson douce" sur un sujet rarement abordé : l'addiction sexuelle au féminin. J'ai dévoré ce ce livre en deux petits jours, subjuguée par la descente aux enfers d'Adèle, par son angoisse et son malheur, et aussi par cette très belle écriture.

C'est cru sans réellement choquer, les mots claquent, les situations sordides s'enchaînent et nous dévoilent un beau portrait de femme dévastée, qui se noie lentement dans sa propre maladie. Car c'est bien d'une maladie que souffre Adèle, jamais rassasiée, jamais en paix, avec elle-même ni avec les autres ...

Arrivée à la fin, j'ai repensé à la rencontre d'il y a quelques jours ... J'aurais eu quelques questions supplémentaires, si je pouvais la revoir ... 



"Dans le jardin de l'ogre", Leïla Slimani, Folio, 2015

vendredi 9 décembre 2016

{Sweet Friday} Trésors de librairie #2



Et hop, encore un petit tour chez Pêle-Mêle cette semaine, qui me permet de vous montrer mes trouvailles pour ce Sweet Friday !

Pour moi : la version collector d'un roman qui me faisait envie depuis quelques temps, "La petite communiste qui ne souriait jamais", un policier un peu vintage (c'est-à-dire ni gore, ni sanglant) et le "Renommer" de Sophie Chérer, sorte de dictionnaire de l'origine des mots, qui m'a l'air absolument passionnant !



Pour mes mini lecteurs, j'ai déniché un bon classique qui nous manquait à la maison, "Je mangerais bien un enfant", une aventure de ma chouchoute Madame Trompette, dont on a plusieurs livres (et dont il faut absolument que je vous parle un jour parce que je l'adore), et une édition des années 1960 de Mary Poppins, délicieusement vintage (mais qui ne reprend pas du tout l'histoire originale, mais seulement un "épisode", petite déception). J'ai aussi craqué sur "Petit lapin rouge", parce qu'il est illustré par Claude K. Dubois, donc je prends, sans me poser de question.

Et voilà ma PAL qui augmente encore, et voilà les bibs des kids qui débordent à nouveau ...

Mais ce n'est que du bonheur ;-)



lundi 5 décembre 2016

"Jolie libraire dans la lumière" : l'amour, les livres, et un énorme coup de coeur !


Le roman de ce lundi est un petit bijou, découvert complètement par hasard, et que j'ai savouré de la première à la dernière page !

Attirée par le titre, je l'ai emporté avec un coup d'oeil au résumé, certaine que ce petit roman était pour moi .... et je ne me suis pas trompée !

La quatrième :

« Elle a lu la quatrième de couverture, a frissonné d'étonnement. Ce récit ressemblait à s'y méprendre à un épisode de son existence. Elle a déposé l'ouvrage sur le comptoir et est allée ouvrir la porte de la librairie. À neuf heures, les clients sont encore rares et, dans la lumière du matin qui glissait sur la vitre, elle a commencé à lire ce texte inattendu. »

Les événements de notre vie, même les plus obscurs, sont posés dans la main des anges. Quand les hasards se rencontrent, c'est la lumière qui les rassemble. Une jolie libraire retrouve un fait marquant de son passé dans un livre qui la conduit à tisser des liens et à s'interroger sur son présent. Ce roman délicat, qui rend hommage aux libraires et qui chante l'univers des livres, est une ode à la lumière, à la tendresse et à l'amour.

 De Frank Andriat, je ne connaissais que les titres régulièrement demandés à la bibliothèque comme lecture scolaire par les ados, sans savoir qu'il écrivait également pour les adultes.

Je me suis installée dans la lecture de ce roman comme dans une couverture douce, et je l'ai entièrement lu dans un train, détail qui a son importance au vu de l'intrigue ;-)

Comment vous en parler ? Je tourne autour des mots .... C'est un roman qu'on pourrait ranger dans la catégorie fort à la mode des "feel good books", mais surtout des livres qui parlent de libraires, de libraires, de bibliothèques, dans la veine de ces romans qu'on voit fleurir un peu partout, de "La bibliothèque des coeurs cabossés", à "Les gens heureux lisent et boivent du café", pour ne citer que deux exemples.

Sauf que. Sauf que nous avons ici un petit joyau de poésie, de douceur, bien mieux écrit que les best sellers cités plus haut, et qui, en quelques phrases, m'a conquise au point de placer ce petit roman parmi mes livres de chevet.

Frank Andriat nous conte une histoire à tiroirs, où les coïncidences et les liens se multiplient, pour parler d'une histoire d'amour, amour familial, amour romantique, amour des livres.

En 145 pages, que j'ai tenté de faire durer pour mieux les savourer, il nous transporte dans une petite librairie de rêve, et dans un train, aux côtés de personnages hyper attachants, le tout servi par une écriture délicate, aérienne, nimbée de tendresse, de poésie et de douceur, dont on voudrait relire les passages plusieurs fois, pour mieux les déguster.

Moi qui avais envie d'un joli roman, de bons sentiments sans être cuculs, de poésie et d'une belle histoire réconfortante, ce roman est arrivé pile au bon moment.

La lumière joue un rôle à part entière dans ce récit, ainsi que les livres, et l'on se prend à rêver de ce cocon de librairie douillette, baignée de soleil, où l'amour des livres, et l'amour tout court filent droit juqu'au coeur du lecteur, pour mieux le lui ravir, en une poignées de phrases délicates.

Vous l'aurez compris, c'est un énorme coup de coeur, que je vous conseille de lire au plus vite ...



"Jolie libraire dans la lumière", Frank Andriat, Desclée de Brouwer poche, 2015

vendredi 2 décembre 2016

{Sweet Friday} : une jolie rencontre avec Leïla Slimani


La librairie de Louvain-la-Neuve près de chez moi, Chapitre.be, a eu l'excellente idée d'inviter Leïla Slimani il y a quelques mois et celle-ci a eu la gentillesse de maintenir ce rendez-vous, dans une petite librairie de Belgique, malgré son agenda chargé suite à son prix Goncourt, pour "Chanson douce" (chroniqué sur le blog il y a quelques semaines).

Il y avait du monde, la rencontre était animée, les questions posées excellentes et Leïla Slimani y a répondu avec beaucoup d'éloquence, revenant sur la genèse du roman, le prix Goncourt reçu, mais aussi partageant ses habitudes d'écriture, ou ses sujets d'inspiration.

A la question de l'importance des auteurs féminins en littérature, qui osent enfin donner leur version de la maternité, et qui contraste parfois avec la vision idyllique véhiculée depuis des siècles de l'oasis de bonheur où roucoulent la mère et son enfant, Leïla Slimani lance que "ce sont les hommes qui ont raconté cela, ce sont eux qui depuis toujours propagent l'idée que la femme s'épanouit chez elle avec ses enfants, et que tout est rose et comme dans un rêve !". Réflexion qui a trouvé écho parmi le public, majoritairement féminin, qui murmura alors "oui, c'est vrai ! c'est tout à fait cela ! c'est important ce qu'elle dit".

La timide que je suis a même osé prendre le micro, le temps de lui demander d'où venait ce titre, "Chanson douce", qui contraste tant avec l'atrocité de l'histoire racontée.
" Le titre renvoie à la berceuse, et à l'ambivalence de cette manipulation que l'on exerce sur un enfant que l'on endort par ce moyen. L'enfant à qui l'on chante une berceuse, une chanson douce, est vulnérable, à notre merci, s'endort confiant dans nos bras. Mais quand on dit de quelqu'un je l'ai endormi, on veut dire aussi je l'ai berné. J'ai voulu ainsi endormir et berner le lecteur qui, au vu du titre, pensait lire une histoire douce ... comme Louise, la nounou, manipule son entourage, j'ai ainsi manipulé mes lecteurs".

Ce fut l'occasion d'une jolie rencontre, d'une dédicace et un beau moment d'échange !