lundi 22 août 2016

Lire c'est facile ! Des chouettes premières lectures à partir de 5 ans !



Petit Loulou va entrer en première primaire en septembre (au CP, pour les français qui me lisent), et va donc apprendre à lire : joie, bonheur, impatience, surtout de mon côté ! Quand je le vois déjà bouquiner un Super Picsou géant de 100 pages pendant 1/2 h sans broncher, sans savoir lire, j'ai un bel espoir de le voir se transformer en un grand lecteur tout bientôt !

Pour préparer cela, je me tourne de plus en plus vers ce que l'on appelle les "premières lectures", soit des petites collections colorées, sympas, de minis romans, destinés spécialement aux apprentis lecteurs.

Je vous en présente aujourd’hui deux, de la collection chez Milan Poche Poussin, pour les enfants du CP, donc. La catégorie suivante sera Milan Poche Benjamin, quand l'enfant saura lire tout seul.

Ces petits livres tout minces sont divisés en trois parties : une chouette histoire courte, mais aussi des petits jeux, en début de livres, basés sur l'apprentissage des mots, pour prendre confiance :


Ainsi qu'une comptine en rapport avec l'histoire, sur un air bien connu du parent (ici sur l'air de "Un grand cerf"), à la fin du livre :



jeudi 18 août 2016

"Chanson douce", de Leila Slimani





Reçu dans le cadre d'une Masse critique privilégiée de Babelio, ce deuxième roman de Leila Slimani paraît ce 18 août, et c'est une réussite !

Myriam, mère de deux enfants, désire reprendre son métier d'avocate. Après quelques entretiens, elle et son mari, Paul, engagent une nounou : ce sera Louise. Louise a des airs de Mary Poppins : parfaite avec les enfants, elle cuisine comme une fée, est toujours disponible et fait même le ménage sans qu'on le lui demande. N'en ferait-elle pas trop ?

Peu à peu, une relation de dépendance s'installe des deux côtés : Myriam compte de plus en plus sur Louise qui, elle, se met à passer beaucoup de temps chez ses patrons, part en vacances avec eux, et n'a finalement rien qui l'attend en-dehors de cette vie de servitude qu'un appartement sordide et une solitude écrasante. Cette relation va lentement se dégrader jusqu'au drame, horrible ...


Dès la première page, plus de doutes quant au drame annoncé. Glacée d'effroi, j'ai ensuite remonté le temps, avec Myriam, jeune maman débordée puis avec Louise, qui semble si parfaite, et qui aime tant ces deux enfants dont elle a la garde.

Louise est un personnage fascinant, et on a à la fois peur d'elle et pitié de sa pauvre vie. Myriam est une jeune mère d'aujourd'hui, à qui je me suis facilement identifiée, avec son sentiment ambivalent à propos de la maternité : bonheur et étouffement à la fois.



Le style de Leila Slimani est implacable, sec, tranchant comme un scalpel. Elle ne nous épargne rien et l'angoisse monte au fur et à mesure de la dégringolade mentale de Louise. On a envie de crier à Myriam de se méfier, mais on connaît la fin, on sait vers quelle horreur on court ...

Cela donne un roman terrible, très dur, et en tant que jeune maman, je l'ai trouvé trash, je ne trouve pas d'autres mots. Malgré ses qualités d'écriture et son histoire aussi haletante qu'un thriller, j'ai parfois dû le poser un peu, reprendre mes esprits, pour ne pas avoir Louise en tête au moment de m'occuper de mes enfants (mais je suis du genre hypersensible ....). Le titre, au regard de l'histoire, se révèle glaçant ...

Je l'ai terminé avec un  mélange de sentiments : de l'horreur, de la frayeur, par rapport à l'histoire, mais aussi avec la sensation d'avoir lu un très bon roman, au style maîtrisé, d'un véritable écrivain.

J'avais déjà beaucoup apprécié le premier roman de Leila Slimani, "Dans le jardin de l'ogre" (disponible en Folio).

Merci à Babelio et aux éditions Gallimard de m'avoir permis de découvrir ce petit bout de la rentrée littéraire en avant-première.



"Chanson douce", Leila Slimani, Gallimard, 2016

dimanche 14 août 2016

"Treize", Aurore Bègue




1992. Alice, 13 ans, passe un été caniculaire en Méditerranée avec ses parents et sa soeur de 16 ans, Marie. Les jours passent, dans les occupations adolescentes : plage, cinéma, bars avec les copains.

Et puis débarque Paul, un collègue du père d'Alice : 38 ans, sexy, charmeur, prédateur. Les femmes tournent autour de lui et il flirte avec chacune. Alice, du haut de ses 13 ans, découvre alors le désir, ses pensées ne sont plus tournées que vers cet homme, interdit, mystérieux, attirant. "C'est ça, être amoureuse ?", se dit-elle. Mais on est pas dans une bleuette, et la tension s'accumule, jusqu'au drame, dont on a eu un avant-goût dès le prologue, où Alice se recueille devant une tombe.




J'ai lu ce roman très vite, en une journée miraculeuse où j'ai eu du temps pour bouquiner, entre la sieste des enfants, et le banc de la plaine de jeux. Je me suis sentie très proche d'Alice, dans ses tourments, dans ses questionnements, dans ses doutes et peurs adolescentes. On a tous, ado, craqué pour quelqu'un de plus ou moins "interdit", et l'auteur rend très bien l'atmosphère pesante, lourde, moite et sensuelle de cette tension, de ces espoirs qu'Alice entretient pour Paul. Celui-ci est un personnage assez ambigu : sympa, protecteur, et à la fois trop proche, trop près des limites à jouer avec le feu.  En tant que lectrice, je ne savais pas si j'avais envie qu'il se passe quelque chose entre Alice et lui, ou si je pensais "éloigne-toi vite !". J'ai été totalement en empathie avec l'héroïne, et le roman m'a complètement happée.

Aurore Bègue parvient à installer toute une atmosphère dans ce roman, assez court. On sent la chaleur moite du soleil, le goût du sel de la promenade en bateau, on entend les cris de la mère dépressive d'Alice, on entrevoit le sourire carnassier de Paul, la tension, la jalousie d'Alice envers sa soeur, si belle, si solaire, si femme déjà, alors qu'elle-même se sent submergée par un torrent d'émotions et de désirs nouveaux, emprisonnée dans son corps de petite fille ...

J'ai plongé dans cette lecture pour en ressortir un peu sonnée, et il m'a fallu quelques heures pour me défaire doucement de l'histoire ...

Une très belle découverte, merci à Nadège de m'avoir donné envie de le lire !


"Treize", Aurore Bègue, éditions Rue Fromentin, 2015

mercredi 10 août 2016

"Murmures dans un mégaphone" , un roman follement attachant !






Myriam Delaney n'est pas sortie de chez elle depuis trois ans, et ne parle que d'une voix murmurée.
Ralph, psychothérapeute, fait face à une crise existentielle, entre sa femme Sadie qui se pose des questions sur son orientation sexuelle, et l'impression d'être spectateur de sa vie.





Je ne m'attendais pas à apprécier autant ce livre, il m'a enchantée du début à la fin par son côté décalé, à la fois drôle et mélancolique. Les personnages sont tous névrosés et loufoques, que ce soit Myriam et ses murmures, Sadie qui tweete à tout va et se sent attirée par sa meilleure amie, ou Ralph qui décide de vivre dans une cabane au fond des bois, afin de réfléchir sur sa vie.





Il y a un petit quelque chose d'une Kate Atkinson dans ce livre (et c'est une de mes romancières préférées), dans le côté caustique et drôle. Roman choral, il donne la parole tantôt à Myriam, tantôt à Ralph ou Sadie. Tous sont en quête de sens à leur vie : Myriam reçoit de mystérieuses cartes postales anonymes, Sadie ne sait plus où elle en est dans sa vie amoureuse, et Ralph se sent perdu dans sa vie.

Le roman parle du courage de changer de vie, de bifurquer vers une autre voie, de ces moments charnières dans la vie où l'on pourrait tout envoyer valser, en quête de bonheur.

Cela donne un roman drôle mais aussi terriblement touchant : on se sent en empathie avec tous ces personnages paumés, et on dévore leurs aventures comme on déguste une glace au soleil ...

J'ai adoré "Murmures dans un mégaphone" au point d'aller l'acheter pour moi après l'avoir emprunté au boulot. Je l'ai refermé avec regret, et ça, c'est LE signe pour reconnaître un gros coup de coeur !


"Murmures dans un mégaphone", Rachel Elliott, Rivages, 2016

lundi 8 août 2016

"Nicodème", pour aborder la confiance en soi



Un album jeunesse, en ce début de semaine, ça faisait longtemps !

Nicodème est un petit garçon timide, presque transparent, qu'on bouscule, qu'on embête à la récré, et qui se laisse faire, tout en rêvant d'être un autre ...



Cet autre Nicodème, c'est Super Nico, et lui, il ne faut pas l'embêter : il trouve des réparties cinglantes, ose tout, et ne se laisse pas marcher sur les pieds.




A chaque situation, à chaque petite tristesse, à chaque colère ravalée, Nicodème baisse la tête et soupire "Ah, si seulement ...", en rêvant d'être Super Nico ...

Super Nico, lui, il oserait offrir un bouquet de fleurs à la petite fille de ses rêves ....

Et puis, Nicodème réalise que ce Super Nico n'existera jamais, mais qu'il peut tout de même s'accepter et se sentir mieux :





Et dès le lendemain, Nicodème, apaisé, trouve une solution à chaque situation (et offre son joli bouquet de fleurs !).

Voilà un très joli album sur le thème de la confiance en soi, tendre, avec un petit héros adorable. Les illustrations de Stéphanie Augusseau (on lui doit déjà le merveilleux "Zélie"), apportent beaucoup à l'histoire, et les tons noirs et blancs avec juste une pointe de rouge par ici ou là (sur les joues de notre Nicodème, par exemple), donnent une ambiance feutrée qui convient bien à l'histoire.

A découvrir dès 4 ans, pour tous les petits Nicodème qui ont un souci de timidité et de confiance en eux !

Merci à Alice Editions pour l'envoi ;-)

"Nicodème", Agnès Laroche et Stéphanie Augusseau, Alice jeunesse, 2012

lundi 1 août 2016

"La blancheur qu'on croyait éternelle", Virginie Carton


Après deux semaines de rêve sur la belle île de Ré, me voici de retour sur le blog !

Je vous avoue que ça m'a manqué, et que j'ai profité de ces vacances pour savourer de très jolies lectures ... (pas assez à mon goût, mais ça, c'est les vacances avec deux enfants de 5 et 3 ans, quoi !).

La première de ces lectures est un roman tout doux, à la saveur délicieusement vintage ...



J'avais déjà lu ce roman à sa sortie, emprunté à la bib, et quand j'ai vu la jolie couverture de sa version poche, j'ai craqué ! Il a passé à peine deux jours dans mon sac, et je l'ai lu dans le train, avec un sentiment de bonheur, je l'ai à la fois dévoré et savouré, pour ne pas le terminer trop vite.

Les chapitres alternent les histoires de Mathilde, de Lucien, au présent, et des bouts de leur enfance ou adolescence, où, déjà, ils se sentaient si différents.

Romy Schneider, Jean-Louis Trintignant sont leurs héros, Mathilde regarde les variétés du samedi soir en pyjama pilou, Lucien n'aime pas les boîtes de nuit. Il aime les vieux films, elle aime les vieilles chansons françaises. Le roman est parsemé ici ou là de bouts de chanson, intégrées dans le texte, de Goldman, de Souchon, et le lecteur pourrait presque passer à côté, mais Mathilde et moi, on aime les mêmes vieilleries sentimentales, alors je ne les ai pas loupées ;-)

Lucien fait figure d'homme idéal pour les filles un peu rétro, un peu timides, qui ne se sentent pas tout à fait à leur place à l'époque des textos, des réseaux sociaux, et de la drague sur le net.

Mathilde est douce, rêveuse, solitaire et manque de confiance en elle.

Lucien et Mathilde passent leur temps à se croiser sans se voir ni se reconnaître, et on se doute bien qu'il vont finir par se rencontrer, mais l'auteur fait durer le plaisir ...

J'ai beaucoup aimé ce joli roman doux, vintage, presque cosy, dans lequel on se plonge en songeant aux soirs de pluie passés à lire bien au chaud, et qui nous rappelle notre propre enfance et adolescence.

Virginie Carton propose à la fin du roman deux photos rigolotes, la bande originale du roman, et un bonus savoureux, fait des déclarations des autres personnages, sur Mathilde et Lucien.

Si vous aimez Amélie Poulain, les comédies romantiques, les vieux films vintage, et que vous avez envie d'une tout belle histoire d'amour, légère, sucrée mais pas trop, jetez-vous sur ce petit roman, doux comme une madeleine .... (même qu'il y a Alain Souchon dedans).




"La blancheur qu'on croyait éternelle", Virginie Carton, Le Livre de poche, 2016